J’ai grande envie de vous parler aujourd'hui d’un magnifique recueil, d'une belle intériorité et écrit en une langue au service d’un élargissement de l’être.
Les anges sont transparents nous dit François Clairambault dans son titre. « Transparents » comme des vitraux qui illustrent l’ouvrage, ils laissent passer la Lumière. « Transparents » mais non pas « invisibles »…
Quand je regarde par l’infini
A la fenêtre du jardin
Les mots s’envolent
Comme les barreaux d’une prison
pour laisser place à la parole
Voilà un court poème qui porte plus d’une invitation :
Tout d’abord, il faut que « je regarde par la fenêtre » autrement dit que j’élargisse mon champ de vision et que je me tourne vers l’extérieur, vers la lumière du jour.
Ensuite, et pour être plus précis, il faut que « je regarde par la fenêtre du jardin » et non pas par une autre. La fenêtre du jardin, c’est par elle que j’irai « par l’infini ». Parce que mon jardin, en sa joliesse, ses feuilles, ses tiges, ses minuscules animaux, ses mottes de terre, son souffle sous le vent, c’est déjà un infini. Fruit de la vie et de mon travail, il n’est à proprement parler jamais « fini », il est in-fini.
Alors, je ferai silence, émerveillé, contemplant le vivant oeuvrant en silence, et, mes mots, ceux qui m’habitent et que je souhaiterais sans doute faire taire s’en iront, non pas à travers les barreaux d’une prison (l’image serait un peu facile) mais comme les barreaux d’une prison volent en éclats quand on abat le bâtiment.
C’est donc bien moi prison moi ma prison moi ma prison de mots que je consens à abattre et je peux alors de moi m’échapper, passer par le jardin pour rejoindre l’infini, là où se loge principiellement la parole. Tout en restant, évidemment, là où je suis où rien n’a changé rien si ce n’est murs et barreaux qui s’en sont allés.
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Poète
Comme Zacharie, tu as un nom à prononcer
Tu ne sais pas encore lequel
Il faut attendre la délivrance
Quel commentaire apporter à ces si beaux vers qui closent le poème « Comme Zacharie » ? Aucun peut-être mais je dirai que je ne peux m’empêcher de relier ce Zacharie-là à celui du personnage principal de mon Epopée d’un camionneur (voir onglet à droite) qui lui aussi a dû attendre que le travail se fît en lui pour pouvoir prononcer le nom de la délivrance.
Voilà, c’est cela, le poète a quelque chose qui doit être dit par lui, quelque chose de nécessairement essentiel puisque cela doit tenir en un mot mais précisément il est encore ici question de délivrance et, en amont, bien en amont, de patience. Et cette patience est d’abord une espérance.
François Clairambault fait magnifiquement résonner ici l’épisode de Zacharie (Evangile selon Saint Luc, I.1).
Après que l’ange Gabriel a dit à Zacharie « : Et voici tu vas être réduit au silence et sans pouvoir parler (…) parce que tu n’as pas cru à mes paroles », Zacharie recouvre la parole quand il accepte le nom qu’Elisabeth sa femme donne à leur enfant ; celui-ci ne se nommera pas Zacharie, comme lui mais Jean. « A l’instant même, sa bouche s’ouvrit et sa langue se délia, et il parlait et bénissait Dieu ».
L’auteur de Les anges sont transparents nous incite ici à accepter de faire naître plus que soi et de tourner tout notre être vers toute nouvelle alliance d’espérance qui nous vient, dans le silence, de l’Esprit.
Oui, nous tous, Comme Zacharie, nous avons un nom à prononcer…
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