avril 21, 2024

 

 

Présentation de En ma bergerie de Christine Guénanten 

en deux articles

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 "En ma bergerie", plus doux à l'oreille que "dans ma bergerie", est  l'expression souveraine d'une intériorité et pas seulement d'un intérieur. Ce titre suscite des images d'enfance, de douceur et de tendresse, de chaleur aussi. Il invite aussi à la responsabilité, celle du pasteur, du berger. Celle du veilleur. De fait, ce petit recueil tient la promesse de son titre : nous mettre en présence de l'Agneau.

La bergerie est cet espace en soi, ce refuge d'amour, de tendresse et d'éveil à la douceur.

 

"L'agneau est beau et doux de laine

L'Agneau sent la sainte crèche.

A le poser entre nos mains

On devient feu, folie d'amour".

 

Dès le premier poème du livre dont nous venons de lire le premier quatrain, l'Agneau, pourvu de sa majuscule, se laisse approcher et consent à la caresse. De lui exhale l’odeur chaude et originelle de la crèche, ce lieu saint sous l’étoile. Comme un souffle, dès lors, il commence à pénétrer le corps et l’esprit de l’humain qui l’étreint. Parvenu à cet instant de douceur, c'est l'Agneau qui nous transforme : "on devient feu », et cette ardeur à aimer est précisément une folie d'amour.

Cet Agneau, amour divin qui "saute bleu, saute blanc" comme un ciel de cumulus, habite en chacun "j'ai dans l'âme, dit la poétesse, un agneau". Et surtout, comme le dit le titre d’un poème, il saute « par-dessus les haies de la haine ».

 

Dès lors, le recueil ne s’interdit pas l’expression d’une félicité silencieuse, printanière, lumineuse et parfois outrancière :

« J’ai lumière de lait, lumière primevère

A promener au cœur d’une cité d’aveugles. »

 

Mais toujours, c’est l’Agneau qui irradie de sa Joie et qui donne vie :

« En ma bergerie, je bourgeonne » ; « J’ai dans l’âme un agneau ».

On sent un débordement contenu de vie qui parcourt les pages de ce recueil, comme dans ce tableau Mater Amabilis reproduit en fin d’ouvrage où une mère et son enfant portent un agneau placé entre leurs mains. Un silence règne dans la pièce, un instant est suspendu à l’éternité. « Regarde mon enfant cet agneau, tu portes sa laine sur ta peau. Dis-lui merci, aussi », semble dire la mère à son petit. Il y a là sacrifice d’amour. Comme le dit la poète :

« Par ces trois visages,

Agneau, mère, enfant,

L’amour protégé

Vit au béguinage ».

Christine Guénanten a raison aussi de nous dire que quand on regarde ce tableau, « le cœur est au chaud », invité, conclut-elle dans le poème qui s’en inspire, « à une poésie d’éternelle tendresse ».

 

Cette poésie est spiritualité étoilée ; bergère est la poésie qui accueille « tous les marcheurs inconnus ».

« Malades fous, perdus, exclus », tous trouveront refuge en la bergerie parce que, tout simplement :

« Allumons l’âme,

Il est temps de soigner par Ciel ».

 


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