Suite de notre lecture du recueil d'Alain Durel :
Le torrent s’écoule dans l’étang
La grenouille se tient sur la planche de bois
Immobile
Voilà un poème qui ressemble de près, la métrique en moins, à un haïku et ce qu’il dit s’écoule entre les lignes.
Tout d’abord, l’arrière-plan : une montagne d’où tombe un torrent vertical. Il y a donc, non loin, cachée, une source et il y a eu, non loin dans le temps, oubliée, une forte pluie : la grenouille est de sortie.
Mais ce tumulte météorologique et ce vertige de la montagne, tout cela vient s’assoupir, voire s’endormir dans les eaux sans mouvement de l’étang, petit rond tout horizontal.
La grenouille « n’est pas » sur la planche, elle « se tient » sur la planche. Elle est en position et ne se contente pas d’être là. Que fait-elle donc ? Elle attend, elle médite, elle patiente, elle contemple. Nul ne peut réellement le savoir. L’amphibien prend l’air, tout à la fois, l’amphibien prend l’eau.
Demeure une question. Où est la planche ? Sur le côté, planche installée au bord de l’étang, ou flottante sur l’étang, planche tombée du torrent, lancée depuis la rive. Sans elle, sans ce petit élément pour ainsi dire du hasard, nous n’aurions pas vu la grenouille et il n’y aurait eu personne pour (sa)voir ce torrent s’écouler dans l’étang.
*
Impossible de trouver la paix
Sans s’aimer soi-même
Un tant soit peu
Ce tout petit poème qui va s’amenuisant, a-t-il besoin de commentaire ?
De là, les guerres viendraient-elles ? Du fait que nous ne nous aimons pas assez nous-mêmes ?
Quiconque, belliqueux au premier chef, semble s’aimer trop, il faudrait alors dire qu’il ne s’aime pas assez et que tout en dedans de cet individu, c’est une constante guerre qui se joue à qui perd perd.
Un autre poème de ce recueil nous dit que :
La déception
Est un signe
D’avidité
Alors, peut-être pourrions-nous dire que :
L’avidité
Est un signe
De déception
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